« Magistère, nm. De magie car nul ne comprend
vraiment les raisons de ses préceptes, et de stère car ces derniers sont aussi lourds
à porter qu’une stère de bois [1]. »
Voilà en gros l’opinion que je pouvais avoir il
y a quelques années. Les débats
du
mois dernier sur
le sujet m’ont à nouveau questionné. Aujourd’hui, j'ai moins de certitudes ; mais quelques convictions demeurent...
1.
Le
magistère n’est pas un système disciplinaire [2].
La discipline ne laisse jamais faire. Elle organise un
domaine dans lequel son pouvoir joue à plein et au sein duquel rien ne doit lui
échapper. Toute chose y est répartie selon un code du permis et du défendu ;
ou plutôt de l’obligatoire et du défendu. Même les plus petites choses doivent
être réglementées. L’ordre consiste alors à empêcher tout ce qui est interdit
et à réaliser tout ce qui est obligatoire. La bonne discipline vous dit, à
chaque instant, ce que vous devez faire.
Le magistère ne doit pas être une discipline. Il est, me
semble-t-il, de l’ordre de la carte. La
carte qui ne prescrit pas un chemin déjà écrit d’avance. La carte qui me donne
un moyen de voir différemment le monde qui m’entoure, me montre des écueils ou
des difficultés qu’on ne soupçonnait pas d’avance… Aide à s’orienter… Mais ne décide pas à ma
place. Et puis parfois, la carte ne colle pas bien à la réalité du terrain ;
de nouvelles constructions en sont absentes, des chemins autrefois praticables
sont maintenant effacés – presque plus personne ne les emprunte. Carte en main,
libre à chacun de choisir là où il va et comment s’y rendre.
2.
Le
magistère n’est pas incréé.
Un magistère incréé, ce serait un magistère non écrit
de main d’homme mais directement issu du divin – un peu comme le coran ;) Le
magistère de l’Eglise catholique est, me semble-t-il, issu des hommes. Eclairés
par Dieu, certes, mais écrit par des hommes particuliers, à un moment historique
donné. Il n’est pas indemne des contingences de l’incarnation. Cela qui n’amoindrit
pas sa valeur. Après tout, chacun ou quasi considère maintenant la bible comme
un texte qui doit être lu sans oublier les conditions de son écriture. Comment
le magistère pourrait-il être en cela supérieur à la parole de Dieu ?
Donc oui, la production de textes magistériels par des
hommes célibataires et ordonnés, dans des conditions historiques particulières,
influe nécessairement sur leur contenu. Mais oui, cela ne l’empêche pas d’être « vrai » - au sens où la
parole de Dieu est vraie. Vrai car recélant un appel pour chacun. Un appel à remettre
en question mes conduites, un appel à davantage de conversion dans les différents
domaines de ma vie. Un appel à ne jamais m’endormir dans la certitude de mon
bon droit [3].
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire