lettre à mon président



Monsieur le Président de la République, 

Le 6 mai 2012 comme des millions de français, je vous ai apporté mon suffrage. Convaincu non par telle ou telle mesure, mais par votre projet de présider autrement : « Présider la République, c'est préserver l'Etat, sa neutralité, son intégrité, face aux puissances d'argent, face aux clientèles, face au communautarisme (…) Présider la République, c'est refuser que tout procède d'un seul homme, d'un seul raisonnement, d'un seul parti, qui risque d'ailleurs de devenir un clan (…) C'est faire participer les citoyens aux grands débats qui les concernent (…) Présider la République, c'est rassembler, c'est réconcilier, c'est unir, sans jamais rien perdre de la direction à suivre. C'est écarter la stigmatisation, la division, la suspicion, les oppositions entre Français (…) Présider la République, c'est élever et ne jamais abaisser. » 

Aujourd’hui, je ne reconnais plus ce grand et beau projet dans la « réforme de civilisation » (comme présentée par Madame Christiane Taubira) menée par votre gouvernement sur le mariage pour les couples de même sexe. 

« Refuser le communautarisme » : pourquoi donc une loi qui ne vise qu’une communauté militante, pourquoi ne pas prendre le temps d’élaborer des solutions plus consensuelles (statut du beau-parent, adoption simple…) pour résoudre les questions concrètes qui se posent d'une façon universaliste et républicaine ? 

« Refuser que tout procède d’un seul raisonnement, d’un seul parti, d’un seul clan » : pourquoi se faire sourd aux légitimes inquiétudes qui s’expriment en se contentant de les taxer d’homophobes, pourquoi sur un sujet de société aussi fondamental chercher le clivage politicien plutôt que le compromis exigeant qui est la marque des bonnes réformes ? 

« Faire participer les citoyens aux grands débats qui les concernent » : pourquoi ne pas lancer des états généraux de la famille et de la filiation où les français pourraient s'écouter et réfléchir ensemble, pourquoi refuser de prendre en compte la demande écrite d’un lieu de débat indépendant formulée par plus de 700 000 citoyens, en seulement une quinzaine de jours et sans relais médiatique ? 

« Rassembler, réconcilier, unir » : pourquoi diviser le peuple de France au moment où le rassemblement devant les sacrifices nécessaires devient si important ? 

« Ecarter la stigmatisation, la division, les oppositions entre Français » : pourquoi sembler n’écouter la voix que de certains, pourquoi vous empresser de recevoir une organisation qui ne représente que quelques milliers de militants et répondre aussitôt à ses revendications, pourquoi enfin ne pas chercher coûte que coûte à rassembler la nation sur un sujet aussi socialement essentiel que la famille et la filiation ? 

« Elever et ne jamais abaisser » : n’est-ce pas la voie à suivre, en ne rabaissant pas l’opposition apolitique à ce projet, en vous élevant au-dessus des revendications partisanes et libertaires ? 

Dans l’espoir que les principes mis en avant lors de votre discours du Bourget en janvier 2012 soient toujours ceux qui guident votre action, je vous prie d'agréer, Monsieur le Président, l’assurance de ma très haute considération.